Formation : Comment demander un abondement CPF à son employeur ?

La vie est un éternel apprentissage, dit-on. En entreprise, il est aussi dans l’intérêt de l’employeur que ses employés montent en compétences pour évoluer et augmenter son chiffre d’affaires. Le CPF ou Compte Personnel de Formation est justement là pour ça ! Il peut cependant arriver que le solde disponible sur votre compte ne suffise pas à financer la formation que vous désirez suivre. Dans ce cas, vous avez généralement deux solutions : compléter la somme de votre propre poche, ou demander un abondement CPF à l’employeur. Cela nous amène alors à notre principale question…
Comment faire une demande d’abondement CPF à son employeur ?
A ce jour, il n’existe pas de démarche ni de procédure standard pour demander un abondement CPF à l’employeur. Cela dit, rien ne vous empêche d’approcher la personne chargée de vous conseiller pour votre évolution professionnelle au sein de l’entreprise, ou le responsable des ressources humaines.
Vous pouvez aussi prendre directement contact avec votre employeur, pour lui exposer votre projet de formation.
Si vous optez pour cette dernière solution, vous avez le choix entre :
- Prendre rendez-vous avec votre employeur et le consulter en personne, avec tous les dossiers et arguments nécessaires ;
- Lui adresser un mail avec toutes les pièces nécessaires en pièces jointes.
Bien entendu, votre employeur peut accorder votre demande d’abondement CPF, ou le refuser.
Quelques tips pour soutenir votre demande d’abondement CPF
D’après l’Article L6321-1 du Code du travail, chaque employeur a l’obligation légale de mettre à disposition de ses employés des formations professionnelles.
Il s’agit d’un principe gagnant-gagnant :
- L’employeur peut ainsi optimiser les compétences de ses employés, qui seront en mesure de faire face aux différentes évolutions du secteur. Par la même occasion, son entreprise évoluera et pourra gagner en efficacité et en performances ;
- L’employé pourra préserver son aptitude à occuper un emploi, en montant en compétences. Il pourra également faire évoluer sa carrière professionnelle au sein de l’entreprise, et même envisager une reconversion professionnelle.
Mais comme vous allez faire une demande auprès de votre employeur, il vaut mieux rassembler le maximum d’arguments en sa faveur ou celle de son entreprise.
1. Listez les avantages de votre formation pour l’entreprise
Mettez toutes les chances de votre côté pour que l’employeur vous accorde un abondement CPF. Parlez de :
- Amélioration de vos compétences : Vous allez acquérir de nouvelles compétences, ce qui va augmenter votre efficacité et votre productivité ;
- Adaptabilité : Vous serez en mesure de mieux vous adapter aux changements et évolutions technologiques et mieux assimiler les nouvelles méthodes de travail ;
- Réduction du turnover : Suivre une formation professionnelle motive les employés, en les mettant en valeur, ce qui les rend plus engagés et fidèles à l’entreprise ;
- Avantage concurrentiel : Plus les employés sont qualifiés, plus l’entreprise reste compétitive sur le marché. Une entreprise proposant des formations professionnelles à ses employés renvoie aussi une image forte au grand public ;
- Innovation accrue : Les employés qui ont suivi des formations sont beaucoup plus susceptibles de proposer des idées innovantes par rapport à l’évolution du secteur ;
- Satisfaction client : Des employés compétents et efficaces participent à l’amélioration des services proposés par l’entreprise, ce qui accroît la satisfaction client.
Pour rendre ces bénéfices encore plus parlants, traduisez-les en impacts concrets et mesurables pour votre employeur. Par exemple, reliez la formation à des objectifs business précis : gain de temps sur une tâche récurrente, amélioration d’un process interne, meilleure performance commerciale, ou montée en qualité sur un livrable clé. Si vous pouvez chiffrer, même à la louche, c’est encore mieux : “Cette formation me permettra d’automatiser X, soit environ Y heures gagnées par mois”, ou “je pourrai gérer tel sujet en autonomie, ce qui évite de sous-traiter”.
Pensez aussi transfert de compétences : précisez que vous vous engagez à partager vos acquis (mini-atelier interne, doc de bonnes pratiques, accompagnement des collègues). Là, l’employeur voit tout de suite l’effet “multiplicateur” : il ne finance pas une seule personne, mais fait monter une équipe.
Autre angle qui marche bien : la réduction des risques ! Une formation sur un outil, une norme, la cybersécurité, la RGPD, l’IA, ou une méthode de travail (gestion de projet, vente, relation client…) peut éviter des erreurs coûteuses. Mettre cela sur la table montre que vous pensez “sécurité opérationnelle” et pas seulement évolution personelle.
Enfin, replacez la demande dans le timing de l’entreprise : un nouveau marché ? un logiciel en cours de déploiement ? une baisse de perf à corriger ? Expliquez en quoi la formation arrive au bon moment pour soutenir la stratégie. Et terminez avec une phrase simple : “Mon objectif, c’est d’être plus efficace sur X, et que ça se voie directement sur Y.” Cela rend la demande très difficile à refuser !
2. Détaillez la formation que vous voulez suivre
Rassemblez tous les détails concernant votre formation sur votre compte CPF, y compris :
- Le format souhaité (en présentiel, à distance ou hybride) ;
- Le nombre d’heures nécessaires ;
- Le coût.
N’oubliez pas de préciser vos choix en termes d’horaires, car vous restez un employé de l’entreprise et devez aussi vous acquitter de vos heures de travail.
Pour mettre votre employeur en confiance, allez un cran plus loin que la simple fiche CPF. L’idée est de lui donner une vision claire, “sans zones floues”. Commencez par les objectifs exacts de la formation : quelles compétences vous allez acquérir, à quel niveau, et pour quoi faire concrètement dans votre poste. Une petite phrase du type “à l’issue, je serai capable de…” aide beaucoup !
Ensuite, précisez l’organisme (nom, certification Qualiopi si elle apparaît, réputation, éventuels avis), et si la formation délivre une certification/inscription RNCP ou une attestation reconnue. Pour un employeur, c’est un gage de sérieux et de retour sur investissement.
Côté logistique, soyez super carré :
- Planning détaillé : dates, rythme (ex : 2 soirs/semaine, 1 journée/mois), durée totale, échéances d’examen s’il y en a ;
- Impact sur le travail : dites clairement si c’est 100% hors temps de travail, ou si vous avez besoin de quelques heures sur une période donnée. Si oui, proposez une solution : récupération, organisation avec l’équipe, période plus calme, etc. ;
- Modalités pratiques : lieu si présentiel, plateforme si distanciel, matériel requis, temps estimé de travail perso (devoirs, projets).
Sur la partie budget, détaillez le coût total et le reste à financer après CPF + ticket modérateur. Si vous avez déjà prévu une part personnelle, dites-le : cela montre votre engagement. Et si la formation est éligible à d’autres financements (OPCO, aides régionales, etc.), mentionnez que vous avez regardé même si vous ne les activez pas tout de suite.
Enfin, terminez par un mini “plan d’application” : comment vous comptez utiliser cela dans les 3 mois qui suivent. Exemple : “À la fin, je mets en place X sur tel projet, et je fais un point de restitution à l’équipe.” Là, vous passez d’une demande de formation à une proposition de valeur.
3. Anticipez la réponse de l’employeur
Votre employeur peut accepter votre demande d’abondement CPF, mais il est possible qu’il ne complète pas la somme manquante en totalité. N’hésitez pas à mettre en avant le solde disponible sur votre compte CPF, et le fait que vous devez vous acquitter du ticket modérateur de 100 euros qui est entré en vigueur depuis le 2 mai 2024.
Enfin, n’oubliez pas qu’un conseiller est disponible gratuitement sur votre espace personnel CPF. Il pourra aussi vous aiguiller vers d’autres sources de financement possibles.
Dans la pratique, il vaut mieux arriver en ayant déjà imaginé plusieurs scénarios, histoire de ne pas être pris au dépourvu. Oui, votre employeur peut dire “oui”… mais aussi “oui, partiellement”. Et c’est ok ! Préparez une réponse du type : “Si vous ne pouvez pas couvrir 100 % du reste à charge, je peux financer X et vous solliciter pour Y”. Cela montre que vous êtes dans une logique de co-investissement, pas dans une demande “tout ou rien”.
Pensez aussi à rappeler un point important : depuis le 2 mai 2024, il existe une participation forfaitaire obligatoire pour mobiliser le CPF. Elle était de 100 € au départ, mais elle est revalorisée chaque année et s’élève à 102,23 € depuis le 1er janvier 2025. Autrement dit, même avec un CPF bien rempli, vous avez toujours ce petit reste à charge à prévoir… sauf exceptions.
Bonne nouvelle : l’employeur peut prendre en charge cette participation, donc vous pouvez le glisser dans la discussion comme une option simple s’il hésite à abonder beaucoup !
Autre chose à avoir en tête : en 2025, les abondements “employeurs” deviennent de plus en plus structurés. L’entreprise peut désormais flécher un abondement vers certaines formations/certifications jugées stratégiques, plutôt que d’ajouter des droits sans condition. Ainsi, si votre formation colle aux priorités maison (nouvel outil, montée en compétences clé, transformation digitale…), dites-le clairement : cela facilite un oui rapide.
Et si la réponse est “pas maintenant” ? Anticipez un plan B !
Proposez de reposer la demande à une date précise (budget formation, entretien annuel, nouvelle période d’activité). En parallèle, exploitez l’écosystème : un conseiller CPF peut vous orienter gratuitement vers d’autres financements (OPCO, région, Pôle emploi, etc.).
Bref, vous montrez que vous avez préparé le terrain… et cela change tout dans la crédibilité de votre demande.
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