[ETUDE] Lles emails, facteurs de stress pour les dirigeants et les salariés

Le 28 mai 2024, un arrêt du Conseil d’État a annulé la sanction reçue par une médecin de Moselle, accusée d’avoir délivré des certificats de complaisance. Un employeur avait contesté l’arrêt de travail qu’elle avait signé pour l’une de ses patientes au motif que le certificat reposait sur le diagnostic d’un burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel. Cette décision, qui pourrait créer un précédent, souligne l’évolution de la perception de ce phénomène, conceptualisé pour la première fois en 1974 par le psychiatre et psychothérapeute Herbert Freudenberger. Malgré son entrée dans la classification de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2019, le burn-out n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle en France. Pour en apprendre plus sur l’importance, les causes, les effets et les solutions possibles du syndrome d’épuisement professionnel, le site monCVparfait a recueilli les témoignages de plus de 1 200 personnes, qui partagent leur expérience dans cette étude

Le burn-out : un phénomène largement répandu

Les premiers chiffres de l’enquête sont édifiants : 88 % des personnes interrogées disent ressentir une forme d’épuisement professionnel. Ce syndrome est défini par l’OMS selon trois critères :Formation pour apprendre à créer des formations en ligne

  • Un sentiment d’épuisement émotionnel, qui se manifeste souvent par une fatigue chronique extrême, que les temps de repos ne parviennent plus à soulager.           
  • Des sentiments négatifs ou cyniques à l’égard de son travail, marqués par une distanciation et un désengagement.           
  • Une perte d’efficacité professionnelle, conséquences des deux premiers critères.

Cette définition reprend en partie les travaux de la chercheuse Christina Maslach, dont les études sur le burn-out dans les années 1970 ont grandement contribué à la conceptualisation de ce syndrome. Dans sa définition, Christina Maslach mentionne également la notion de diminution de l’accomplissement personnel et le sentiment de dévalorisation des compétences.

Pour aller plus loin, l’enquête a demandé aux participant·e·s d’expliquer concrètement comment se manifeste leur épuisement professionnel.

Quels effets concrets du burn-out sur la santé des employé·e·s ?

L’enquête a regroupé et classé les problèmes de santé les plus fréquemment attribués à l’épuisement professionnel par les participant·e·s. Les résultats montrent que les répercussions du burn-out sont très diverses et peuvent être aussi bien physiques que psychologiques : si l’augmentation du stress et de l’anxiété occupe la première marche du podium, elle est suivie de troubles tels que les maux de tête fréquents et les douleurs musculaires chroniques. Les personnes interrogées mentionnent également des perturbations de leur sommeil, une baisse de leur immunité, notamment contre les rhumes, et des troubles gastro-intestinaux. Ces symptômes correspondent à ceux observés par Herbert Freudenberger dès les années 1970 dans l’hôpital de jour qu’il dirigeait.

Enfin, un certain nombre de patients estiment que l’épuisement professionnel les rend plus irritables, ce qui affecte leur vie privée. Ainsi, 77 % des participant·e·s ont l’impression que leurs sentiments à l’égard de leur travail influencent négativement leur vie personnelle. Il va sans dire que ces effets se répercutent également sur la qualité de l’environnement de travail et la santé de l’entreprise des personnes touchées. 

Comment le burn-out se manifeste-t-il sur le lieu de travail ?

Environ 87 % des personnes interrogées déclarent s’être emportées au moins une fois au cours des six derniers mois en raison de leur épuisement professionnel. Ces accès de colère peuvent prendre des formes très variées : élever la voix sur un·e collègue ou un·e supérieur·e, quitter son lieu de travail plus tôt que prévu, menacer de démissionner… À noter que 9 participant·e·s sur 10 affirment regretter leur comportement a posteriori, ce qui semble indiquer que ces crises résultent principalement d’un haut niveau de stress.

Le spectre de la démission plane souvent sur les personnes atteintes d’épuisement professionnel. Ainsi, 86 % des répondant·e·s disent songer à quitter leur emploi au moins une fois par mois et 47 % l’envisagent au moins une fois par semaine.

Il est aussi important de noter que 90 % des personnes interrogées disent s’être livrées au « rage applying » au cours des six derniers mois. Cette pratique consiste à postuler un grand nombre d’emplois par frustration envers son travail actuel. Cette recherche d’emploi compulsive montre bien l’urgence pour certain·e·s d’atteindre des conditions de travail qui leur correspondent davantage. Mais quelles sont-elles ?

Que souhaitent les personnes atteintes de burn-out ?

L’enquête a demandé aux participant·e·s de citer les améliorations de leurs conditions de travail qui permettraient de réduire ou d’empêcher une situation d’épuisement professionnel. L’augmentation salariale arrive de loin en tête du classement (27 %), reflétant les inquiétudes autour de la situation économique incertaine.

Remarquons également que 22 % des personnes interrogées souhaitent avoir un rôle plus clairement défini, ce que l’on peut interpréter comme une recherche de sens à leur emploi ou comme la nécessité d’un cadre permettant d’identifier les tâches qui incombent à chaque employé·e afin de limiter les abus.

On peut aussi noter un besoin d’autonomie illustré par plusieurs revendications, telles que la demande d’une flexibilité accrue dans l’emploi du temps (21 %) ou dans le travail en général (19 %), ainsi qu’une diminution du nombre de réunions (17 %).

Les réponses mettent en évidence la diversité des profils observés : si 21 % des participant·e·s disent souhaiter une promotion, 20 % aimeraient se voir confier moins de responsabilités. On retrouve cette diversité dans les considérations d’ordre pratique. Ainsi, la proportion des répondant·e·s souhaitant pouvoir travailler plus souvent à domicile et celle des personnes qui désirent travailler davantage en présentiel sont quasi égales (19 % et 18 % respectivement).

Comment prévenir le burn-out ?

L’enquête montre que le syndrome d’épuisement professionnel est un phénomène complexe qui peut se manifester de multiples façons. La vigilance est donc de mise pour dépister les signes d’un épuisement professionnel. Plusieurs indicateurs peuvent être surveillés :

  • La santé physique et mentale des employé·e·s           
  • L’absentéisme           
  • Les mouvements de personnel           
  • La perception de l’activité de l’entreprise           
  • Les relations sociales au sein de l’entreprise           
  • Etc.

Il convient également d’être attentif·ve aux signaux individuels, notamment grâce aux entretiens personnels. L’enquête indique d’ailleurs que 88 % des personnes interrogées ont signalé leur épuisement professionnel à un·e représentant·e RH.

En communiquant de manière fluide et ouverte avec les employé·e·s, les managers peuvent plus facilement identifier les éventuels dysfonctionnements et risques psychosociaux liés à l’activité de leur entreprise pour agir en conséquence.

Références :

A propos de l’auteur

Rédacteur chez monCVparfait et traducteur, Nino Brover se passionne depuis toujours pour l’écriture sous toutes ses formes, de la littérature aux modes d’emploi de machine à laver en passant par le sous-titrage de films documentaires et de vidéos promotionnelles. Le monde de l’emploi fait partie de ses (très) nombreux centres d’intérêt.