Pourquoi les freelances doivent-ils facturer « cher » ?

Quand on veut vendre un produit ou un service sur internet, se pose toujours fatalement la question de : « à quel tarif dois-je proposer mes prestations ? » Et, pour la plupart des freelances, ce n’est pas une mince affaire ! La question du prix est souvent un casse-tête. On n’est jamais sûr de placer le « curseur » au bon niveau : ni trop haut ni trop bas…

Rappel utile du contexte
Quand on est freelance à temps plein, et donc que l’on n’a pas un boulot de salarié à côté, on ne bénéficie pas ni de la Sécurité sociale, ni des prestations de Pôle-emploi.
Mais plutôt des « merdes qui volent en escadrilles » du R.S.I (désolé, mais c’est l’image qui me vient au sujet du RSI). Du coup, il est indispensable d’en tenir compte dans son tarif.
Que se passe-t-il par exemple lorsque le freelance tombe malade ou doit se faire hospitaliser, l’obligeant ainsi à mettre en pause son business ? Dans la plupart des cas, un freelance qui ne travaille pas, c’est un freelance qui perd de l’argent, il n’est pas payé tout simplement ! Quand tu es salarié, tu es pris en charge par la Sécu en cas d’arrêt maladie ou par ton employeur en cas d’accident de travail. Mais là, tu es indépendant.
D’où l’intérêt de mettre en place un business automatique qui te rapporte des revenus passifs, c’est-à-dire des revenus qui soient indépendants du travail que tu fournis. C’est comme cela que l’on construit sa liberté financière, car il n’est pas de liberté financière si on est obligé de travailler pour avoir des revenus.
Dans cette optique, un bon business model est le site privé à abonnements : tant que tes abonnés restent abonnés, ils te rapportent de l’argent tous les mois. L’argent rentre donc automatiquement, que tu sois derrière ton ordinateur ou pas !
Mais ce n’est pas le sujet du jour, donc revenons à la détermination de ton tarif.
Les éléments pour déterminer le tarif
Prenons le cas le plus courant : le freelance qui ne dispose pas d’un business automatique. Il va devoir définir son tarif sur des bases saines, qui tiennent compte de ses contraintes et de sa situation. Il va falloir qu’il se constitue 2 fonds de réserve :
- L’un pour couvrir le risque chômage et maladie ;
- L’autre sera un fonds de réserve et d’investissement afin d’avoir de la trésorerie pour investir dans son business.
Voyons d’abord le fond « chômage et maladie ». Un freelance n’a pas droit aux allocations chômage tout simplement parce que, contrairement aux salariés, il n’est pas affilié à Pôle-emploi et ne verse donc aucune cotisation au régime d’assurance chômage.
Mais si son business ne fonctionne pas et qu’il se retrouve sans un sou, il devrait pouvoir bénéficier de prestations chômage. Pour cela, il va devoir faire « comme si », prévoir une somme qu’il mettra de côté pour se constituer un matelas de sécurité.
Ainsi, il devrait prévoir une somme pour tenir plusieurs mois (entre 6 mois et un an) pour rebondir en cas de coup dur.
Cela va donc avoir un impact sur le prix qu’il va facturer au client.
Par exemple, si tu dois générer 3.000€ de C.A pour pouvoir te verser 2.000€ nets (qui tient compte des charges d’un AE et de quelques centaines d’euros de dépenses mensuelles), plusieurs cas de figure sont envisageables :
- Soit tu prévois de garder 500€ sur le compte de ta boîte chaque mois pour ta sécurité et donc, tous les 6 mois, tu auras l’équivalent d’un mois sans aucune rentrée d’argent et ainsi 2 mois sur une période d’un an ;
- Soit tu prévois de mettre 1000€ de côté chaque mois, ce qui te permet tous les 3 mois d’anticiper un mois sans entrée d’argent ou très peu. Sur 1 an, tu auras donc 4 mois de trésorerie d’avance en cas de coup dur.
Pour faire cela, il faut bien entendu encaisser un certain volume de C.A et donc avoir une gestion rigoureuse. Car vraiment, on est beaucoup plus serein quand on a plusieurs mois de trésorerie d’avance…
Le Fonds d’investissement
Passons maintenant au fonds d’investissement et au nombre de jours que tu vas pouvoir facturer dans le mois, donc où tu vas travailler sur des projets clients. Certains blogs recommandent de facturer 15 jours dans le mois, sauf qu’ils ne tiennent pas compte de certains paramètres.
Pour pouvoir trouver de nouveaux clients et proposer sans cesse la meilleure prestation possible tout en augmentant tes tarifs, il faut être capable d’investir dans le développement de ton business. C’est ce que beaucoup de freelances négligent.
En effet, chaque mois, tu vas avoir besoin de temps et d’argent pour :
- Te former sur ton métier et monter en compétences ;
- Te consacrer à la prospection commerciale ;
- Investir dans certains outils et logiciels ;
- Te former à la gestion et l’entreprenariat ;
- Assurer la maintenance de ton blog ;
- Coopérer avec des partenaires (comptable, avocat, administration, etc.).
Et pour dégager du temps pour ces différentes activités, il te faut prévoir au minimum 2 jours dans la semaine. Il te restera donc seulement 3 jours pour bosser sur des projets clients que tu vas facturer.
De plus, il faut tenir compte des aléas de ton activité, pars plutôt sur une base de 10 jours facturés dans le mois que 15 (un projet plus long à boucler que prévu, des rendez-vous extérieurs, salons, etc.).
Tout va dépendre de la manière dont tu organises ton emploi du temps, car tu peux t’organiser différemment : bosser une semaine non-stop sur des projets clients, et la semaine suivante faire 2 jours facturés et 3 jours sur les activités annexes par exemple.
Pour ces différentes activités citées ci-dessus, il faudra bien entendu prévoir le budget nécessaire.
Le calcul du tarif
Prenons un cas concret : tu désires te verser 2.000€ par mois. On va partir sur une base de facturation au réel, donc avec un niveau de charges supérieur à celui d’une auto-entreprise (ce qui arrive quand tu dépasses le plafond de l’AE). Avec le régime réel, les charges représentent 50% de ton C.A.
- Tes dépenses mensuelles s’élèvent à 500€ ;
- Tu souhaites par ailleurs mettre 500€ de côté chaque mois dans ton fonds d’investissement ;
- Tu désires prendre 5 semaines de vacances par an (ben oui, un freelance doit pouvoir en profiter lui aussi !) donc ajoutes 10% du montant de ta rémunération, soit 200€ (l’équivalent de congés payés).
Voici la formule de calcul du montant de C.A mensuel minimum à réaliser :
(salaire + dépenses mensuelles + fond de sécurité) X charges X provisions vacances
Ce qui donne dans notre exemple :
(2000 + 500 + 500) X 1,50 X 1,10 = 4950 € de chiffres d’affaires pour te verser 2.000€.
D’où en découle ton tarif journalier : 4950/10 jours facturés = 495€/jour
Ce tarif te parait-il élevé ? En tout cas, il correspond aux exigences définies dans l’exemple. Bien sûr, seuls des clients professionnels accepteront de payer un tel tarif, donc visent plutôt le BtoB.
Bien sûr, tu n’es pas obligé de te verser 2.000€, si tu te contentes de 1200€ par exemple, tu n’auras à encaisser « que » 3630€ de C.A et tu auras un tarif plus compétitif à 363€/jour. Le tarif horaire sur une base de 8h de boulot/jour sera de : 363/8 = 45,37€.
Pour justifier ce prix élevé auprès de tes clients, il faudra que ton travail leur procure un réel retour sur investissement. Pour chaque euro qu’ils te donnent pour travailler, qu’ils puissent en gagner 2 derrière grâce à ton travail, c’est-à-dire que tu dois montrer ta valeur ajoutée… pourquoi pas avec des témoignages clients.
Par exemple, si tu es Community Manager freelance ou bien consultant en webmarketing, si tu arrives à doubler ou tripler le nombre de leads (contacts, prospects) à la newsletter de ton client, ou bien à doubler le taux de conversion sur sa page de vente, ton client comprendra ta valeur et donc acceptera de te payer cher pour ce service.
Et toi, est-ce que ton tarif te permet de bien vivre de tes activités ? As-tu mis en place une source de revenus passifs ?
Article proposé par Cédric du blog « Bloguer pour en vivre »
Infopreneur et blogueur sur http://www.bloguerpourenvivre.
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7 commentaires
Génial ! Merci beaucoup, tu m’aides à sortir du brouillard !
Ben le but de cet article, c’est justement de permettre aux Freelances de pouvoir facturer à leur juste valeur, donc je suis content que cet article te soit utile.
Retrouves-moi sur mon nouveau blog ici : http://bloguerpourenvivre.com
Merci d’expliquer les raisons des tarifs des freelances pour que les clients comprennent nos contraintes. En effet, elles ne se rendent pas assez compte des coûts et contraintes inhérents au freelance. Elles pensent déjà qu’on facturent 20 jours par mois (ce serait trop beau), que l’administratif et la prospection cela prend très peu de temps et ne pensent pas aux problèmes de protection sociales notamment.
Oui, c’est bien d’expliquer tout cela a un prospect qui veut négocier tes tarifs à la baisse, il ne faut jamais céder, il vaut mieux perdre un mauvais client que de brader ses compétences pour courir après les contrats. D’ailleurs, il vaut mieux trier sur le volet ses clients et ne travailler qu’avec ceux qui sont disposés à payer sans rechigner.
Il faut appliquer la loi de Pareto : 20% de tes clients te rapportent 80% de ton chiffre d’affaire . Donc il faut travailler avec ces 20% là !
Excellent article, j’ajouterai les problèmes matériels comme un laptop qui doit être acheté ou un écran car il y a une panne qui arrive du jour au lendemain et qui compose parmi les aléas financiers d’un Freelance.
Rien que la suite Adobe complète nécessite 70€ par mois, soit environ 100 euros par mois avec les charges et impôts. Le système de facturation qui coute aussi de l’argent, l’investissement personnel (par exemple les formations) peuvent rapidement faire exploser un budget.
Un Freelance, c’est également une âme dédiée, contrairement à une agence, c’est souvent aussi plus flexible du point de vue des horaires. Toutes ces petites choses expliquent le prix à mes yeux 🙂
Bonjour,
Merci pour cet article effectivement on y voit plus clair! j’aimerais toutefois savoir,
1) quand on parles de charges, cela dépend bien des cotisations sociales (23% pour un artisan, 13,2% pour un commercial,…
(source) http://www.auto-entrepreneur.fr/regime-social/charges-sociales.html
2) les 500€ de charges mensuelles correspondent à quoi au juste? ( la location du local, le transport, l’eau/electricité, Internet,… lié a l’entreprise?) Car si on est en teletravail a la maison ou qu’on est en déplacement constant, les charges diminuent drastiquement dans ce cas je supose?
Merci d’avance
Bonjour,
Effectivement, je comprends l’importance de facturer suffisamment cher pour faire face aux différentes charges mais aussi pour s’assurer un matelas de sécurité en cas de coup dur !
D’ailleurs, pour avoir une idée plus précise des différentes charges d’un auto-entrepreneur je suis tombé sur un article très bien fait qui explique toutes les charges et leurs montants, je vous le partage au cas où il pourrait vous être utile : https://www.mon-autoentreprise.fr/charges-auto-entrepreneur/
Bonne chance à tous et bon business !