ChatGPT Search : une opportunité ou un risque pour les éditeurs de contenu ?

Depuis son lancement, ChatGPT Search bouleverse les habitudes de recherche en ligne, au point de susciter quelques interrogations. Pourquoi cet engouement ? Il promet une expérience fluide, adaptée, presque épurée des chaos habituels des moteurs traditionnels comme Google ou Bing. Pourtant, en y regardant de plus près, cet outil suscite aussi des réticences, surtout parmi les éditeurs de contenu qui voient leur travail parfois déformé ou mal attribué. Alors, la question est simple : ce nouvel écosystème numérique est-il une opportunité ou un risque pour les producteurs de contenu, un nouveau challenge en content marketing ?
La collaboration entre OpenAI et les éditeurs : une ambiguïté persistante
OpenAI ne cesse de clamer haut et fort qu’elle respecte les préférences des éditeurs grâce au fichier robots.txt – un outil technique permettant aux sites de contrôler l’accès de leurs contenus par les robots d’indexation.
Une belle initiative sur le papier…
Pourtant, la réalité est bien plus nuancée. Ce fichier est loin d’être une panacée et, dans la pratique, de nombreux éditeurs se sentent toujours exclus ou mal représentés.
Certains mastodontes comme Condé Nast ou l’Associated Press ont signé des accords avantageux. Mais qu’en est-il des éditeurs plus modestes ? Ils n’ont souvent aucun contrôle sur la manière dont leur contenu est utilisé.
ChatGPT Search et attribution : ce qui ne fonctionne pas
Peut-être vous êtes-vous déjà demandé : « Comment être certain que l’information consultée provient de la bonne source ? »
Vous n’êtes pas seul !
Le Tow Center a mené une étude sur 200 citations issues de 20 éditeurs et les conclusions sont pour le moins inquiétantes. ChatGPT Search produit des réponses incorrectes ou partiellement fausses dans plus de 75 % des cas (153 cas sur 200).
Plus alarmant encore, dans seulement 7 cas, le chatbot a admis son incapacité à fournir une réponse précise.
Prenez l’exemple d’un article du New York Times sur une espèce de baleine menacée. Cette analyse avait été attribuée à un site tiers qui avait simplement plagié l’original.
Les accords de licence changent-ils quelque chose ?
Pour le test, le Tow Center a choisi des éditeurs dont certains avaient des accords de licence avec OpenAI. D’autres en revanche avaient bloqué l’accès aux robots, et d’autres encore avaient même des poursuites judiciaires en cours contre OpenAI.
Le fait est que, même des éditeurs réputés comme le New York Post et The Atlantic, ayant autorisé l’accès de leur site à tous les robots, sont victimes de contenus mal représentés ou cités de manière inexacte.
Et d’autres éditeurs comme le New York Times, ayant des poursuites judiciaires en cours et ayant bloqué les robots d’indexation, continuent à être cités par ChatGPT Search comme sources de certaines citations sélectionnées.
En d’autres termes, un accord de licence ne garantit pas des attributions exactes. Et de l’autre côté, même si vous bloquez l’accès aux robots, cela ne garantit pas non plus que votre contenu ne soit pas diffusé.
Alors, restez tout de même vigilant.
En novembre 2024 par exemple, plus de 15 millions d’utilisateurs américains se sont servis d’outils IA comme ChatGPT Search pour leurs recherches. La portée de ces erreurs est donc immense !
Les hallucinations : quand l’IA invente à votre place
L’un des problèmes majeurs de ChatGPT Search réside dans ce que l’on appelle les « hallucinations ».
Lorsque l’IA ne peut accéder à une source fiable, elle a tendance à combler les lacunes en inventant des réponses plausibles, mais fausses. Cela ne vous semble pas très grave ?
Pourtant, ces erreurs ont des conséquences bien réelles : elles amplifient la propagation de contenus incorrects, et souvent au détriment des créateurs originaux.
Une visibilité inégale pour les éditeurs
Vous avez peut-être remarqué que les résultats de ChatGPT Search sont souvent incohérents ?
Une même requête peut produire des réponses différentes d’une utilisation à l’autre. Cela s’explique par les paramètres de température de GPT-4, qui favorisent la variabilité des réponses, mais aux dépens de la fiabilité.
Prenons un exemple concret.
Lors d’une première recherche, une citation d’un article du Washington Post a été attribuée au New York Times. Lors d’un second test, la citation était correcte. Vous comprendrez que de telles incohérences ébranlent la confiance des utilisateurs.
Pour OpenAI, limiter ces variations et prioriser la précision devraient alors être des axes prioritaires.
Quel avenir pour les éditeurs ?
Vous le savez, la reconnaissance est cruciale pour les marques médiatiques. Or, avec ces erreurs d’attribution récurrentes, ChatGPT Search fragilise la visibilité et la crédibilité des éditeurs.
Les consommateurs finissent par ne plus savoir qui crée le contenu, alors qu’ils développent une dépendance accrue aux outils d’IA, au détriment des éditeurs originaux.
Ajoutez à cela le risque de voir votre contenu dilué parmi une multitude de résultats agrégés, et vous obtenez une véritable menace pour le journalisme de qualité.
Selon Mat Honan, rédacteur en chef du MIT Tech Review, les éditeurs se retrouvent coincés. Ils n’ont aucun moyen de garantir une représentation précise ou même d’assurer la visibilité de leurs contenus dans ChatGPT Search.
Ce que vous pouvez exiger en tant qu’éditeur de contenu
Pour contrer ces dérives, plusieurs solutions peuvent être mises en place :
- Une transparence accrue : OpenAI doit vous informer clairement sur la manière dont votre contenu est utilisé et référencé ;
- Des partenariats équitables : Il est impératif que les petits éditeurs aient, eux aussi, accès à des accords avantageux ;
- Un accent sur la précision : Favoriser la fiabilité des résultats plutôt que leur variabilité.
En somme, ChatGPT Search représente un tournant majeur pour les outils de recherche, mais son impact sur le secteur médiatique reste ambivalent.
Si vous souhaitez tirer parti de cette technologie, restez vigilant et exigez des garanties. Les outils IA en marketing digital ou outils IA en e-commerce et autres ne doivent pas seulement innover, ils doivent également respecter et valoriser le travail des éditeurs.