« Collègues toxiques : les signes qui ne trompent pas », « Comment gérer les relations toxiques au travail » ou encore « Personnalités toxiques : les profils à identifier ». Tels sont les titres des articles que l’on trouve en très grand nombre sur Internet lorsqu’on s’intéresse aux relations toxiques en milieu professionnel. L’abondance de ressources sur ce sujet montre qu’il s’agit d’une problématique très courante dans le monde du travail…

Manipulateurs, freineurs, tyrans, égocentriques, sexistes, culpabilisateurs… Comme de nombreux articles l’ont déjà prouvé, il existe des profils très divers de collègues de travail toxiques. Une enquête réalisée par le site monCVparfait auprès de 1 000 participant·e·s a tenté de répertorier les comportements les plus problématiques et leur impact sur les employé·e·s.Formation community management

Les employé·e·s toxiques vu·e·s par leurs collègues

Les principaux comportements toxiques

L’étude montre que les relations toxiques au travail sont fréquentes, une des sources de stress et émotions. Si 93 % des personnes interrogées disent apprécier leurs collaborateurs et collaboratrices de manière générale, environ 80 % déclarent compter au moins un·e collègue toxique dans leur entourage professionnel. La tendance aux commérages et la négativité permanente font partie des comportements les plus dérangeants.

Les employé·e·s qui se dérobent à leurs responsabilités et accusent leurs collègues de leurs erreurs sont aussi jugé·e·s particulièrement toxiques. L’intimidation apparaît dans la liste, mais elle ne fait pas partie des comportements les plus souvent cités. Plus étonnant encore, le harcèlement sexuel ne figure pas parmi les dix comportements les plus problématiques.

Si ces formes de toxicité particulièrement graves sont une réalité, comme le montre l’abondance de témoignages à ce sujet, notamment depuis l’émergence du mouvement Me Too, il semble qu’elles ne correspondent pas à l’idée générale que la plupart des gens se font des relations toxiques au travail.

La crise sanitaire de 2020 et l’augmentation du recours au télétravail ont permis d’observer d’autres comportements qui nuisent à la productivité. Les reproches les plus courants concernent souvent des défaillances liées à la communication, telles que le manque de réactivité ou la multiplication des appels, des messages et des réunions. En fin de compte, plus de la moitié des participant·e·s (58 %) estiment que leurs collègues sont au moins aussi désagréables en télétravail.

Si la toxicité en milieu professionnel peut prendre bien des formes, ses effets sur les employé·e·s sont également multiples.

Les conséquences pour les employé·e·s

83 % des participant·e·s à l’enquête affirment que les comportements toxiques de leurs collègues ont un effet négatif sur leur travail. En effet, ce type de comportement touche de nombreux aspects de leur vie professionnelle.

Ainsi, plus des deux tiers des personnes interrogées ont constaté une diminution de leur motivation et une augmentation importante de leur niveau de stress. 65 % déclarent également que les relations toxiques au travail réduisent leur capacité de concentration. Enfin, près des trois quarts des participant·e·s expliquent que ces comportements nuisent à leur patience. Ces effets sont tels que 72 % des participant·e·s ont déjà envisagé de démissionner en raison du comportement de leurs collègues. La même proportion affirme avoir déjà quitté un emploi en partie à cause de la toxicité qui y régnait.

Face à l’impact des comportements toxiques sur la santé mentale des employé·e·s, on peut se demander si les victimes de ces comportements ne risquent pas de les reproduire. Le rapport de l’enquête cite de nombreuses sources, notamment l’étude Toxic Workers, des chercheurs Michael Housman et Dylan Minor. Ce travail, fondé sur l’étude de plus de 50 000 employé·e·s réparti·e·s dans 11 entreprises différentes, montre que les personnes fréquemment exposées à des comportements toxiques sont plus susceptibles de manifester ces mêmes comportements.

Bien entendu, tous les effets de la toxicité cités précédemment ont un impact direct sur la productivité, et donc sur la santé des entreprises.

Les entreprises face aux employé·e·s toxiques

Toxicité et productivité

L’étude de Michael Housman et Dylan Minor se penche sur les performances individuelles pour comparer la productivité des personnes ayant été licenciées pour comportement toxique à celles des employé·e·s non problématiques. Il s’avère que les employé·e·s toxiques produisent souvent plus vite que la moyenne. Toutefois, leur production est généralement d’une qualité inférieure à celles des employé·e·s non toxiques.

On pourrait donc penser que les employé·e·s toxiques sacrifient la qualité au profit de la quantité, tandis que leurs collègues non toxiques produisent plus lentement, mais mieux. Cependant, l’étude souligne que les employé·e·s affichant une production rapide et de bonne qualité sont plus nombreux·ses que les employé·e·s qui produisent rapidement un travail de piètre qualité. Les employé·e·s toxiques ne représentent donc aucun avantage réel pour la productivité des entreprises. À noter que ces éléments sont également plus susceptibles d’être licencié·e·s.

De plus, les auteurs soulignent que la présence de collaborateurs et collaboratrices toxiques augmente le risque de démission des autres employé·e·s, générant ainsi des coûts supplémentaires.

Quelle stratégie adopter pour les entreprises ?

Toujours en s’appuyant sur les performances des employé·e·s étudié·e·s, Michael Housman et Dylan Minor comparent deux stratégies de recrutement : d’une part, la recherche de « superstars », c’est-à-dire d’éléments ayant productivité supérieure à celle de plusieurs employé·e·s moyen·ne·s ; d’autre part, l’évitement des employé·e·s toxiques, qui permet d’économiser les coûts liés à l’embauche et à la formation de nouveaux éléments.

Les résultats montrent que le fait d’embaucher une personne faisant partie des 1 % les plus productives permet d’économiser 5 303 dollars, tandis que le fait d’éviter un·e employé·e toxique représente un gain de 12 489 dollars. Il serait donc deux fois plus rentable de ne pas embaucher une personne toxique que d’engager un élément particulièrement productif.

Reste à savoir comment éviter les employé·e·s toxiques. L’étude s’intéresse pour cela au profil des éléments jugés problématiques ainsi qu’aux pratiques des recruteurs.

D’où vient la toxicité ?

Les auteurs mettent d’abord en évidence l’influence de l’environnement de travail sur la toxicité des employé·e·s. Les personnes évoluant dans un milieu toxique ont ainsi plus de chances d’adopter des comportements problématiques. Cependant, l’étude fait également ressortir certaines caractéristiques individuelles qui semblent récurrentes chez les éléments toxiques.

L’égocentrisme paraît être un bon indicateur de toxicité. L’utilisation de tests de personnalité reposant sur des questionnaires a permis aux deux chercheurs de conclure que les personnes présentant ce trait de caractère sont plus susceptibles d’être licenciées pour comportement toxique. L’étude note aussi que si ces employé·e·s ont un rythme de production normal, la qualité de leur travail est souvent inférieure à la moyenne.

L’étude semble également montrer un lien entre la toxicité en milieu professionnel et l’attitude vis-à-vis des règles établies. Étonnamment, les employé·e·s qui prônent un respect systématique des règles ont plus de chances de commettre des infractions et d’être licencié·e·s pour comportement toxique que les personnes qui estiment que les règles ne doivent pas toujours être respectées. Ces dernières ont par ailleurs tendance à produire un travail de meilleure qualité.

Enfin, les personnes montrant une grande confiance en elles sont plus susceptibles de faire preuve de comportements toxiques. Leur productivité est généralement supérieure à la moyenne. Toutefois, les économies générées par leurs performances (112 dollars en moyenne) ne permettent pas de compenser les coûts d’embauche provoqués par leur toxicité (1 327 dollars en moyenne). Michael Housman et Dylan Minor montrent ainsi que la productivité ne peut pas être le seul critère de sélection lors d’un recrutement.

Quelles solutions face aux collègues toxiques ?

Avec plus de 30 millions d’actifs en France en 2023, la probabilité de vous entendre avec tous vos collègues est bien mince. Les relations toxiques au travail sont courantes et, si elles peuvent prendre des formes très diverses, leur effet sur la santé mentale des employé·e·s est indiscutable.

En effet, la toxicité au travail augmente considérablement le risque de démissions, générant ainsi des coûts supplémentaires pour les entreprises. Son impact est tel que l’élimination ou l’évitement d’éléments toxiques est plus rentable que la recherche d’employé·e·s modèles.

Toutefois, le licenciement n’est pas la seule solution possible face à un·e collègue toxique. La communication peut également améliorer la situation. Ainsi, l’enquête de monCVparfait montre qu’une grande majorité des participant·e·s ont déjà eu une discussion avec leurs collègues au sujet de leur comportement.

Sources :

A propos de l’auteur

Rédacteur chez monCVparfait et traducteur, Nino se passionne depuis toujours pour l’écriture sous toutes ses formes, de la littérature aux modes d’emploi de machine à laver en passant par le sous-titrage de films documentaires et de vidéos promotionnelles. Le monde de l’emploi fait partie de ses (très) nombreux centres d’intérêt.