Piratage informatique : comment protéger son site internet ?

Il n’y a rien de plus stressant que de se faire hacker ou pirater un compte. Cependant, les criminels virtuels ne s’attaquent pas seulement à votre identité, ils prennent votre argent ou même la source de vos revenus. Ici, cette source ce sont les commerces en ligne et les sites web de vente. Que faire pour y remédier ?
Généralités
Les internautes sont exposés à plusieurs attaques liées à leurs sites et leurs bases de données depuis bien des années : ainsi l’histoire du piratage informatique est étroitement liée à celle de la création d’internet. Les pirates ne choisissent plus leurs proies, car ils s’en prennent aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises de grande renommée. En général, la raison pour laquelle vous vous êtes fait pirater est l’application que vous utilisez pour présenter ou stocker vos informations. Celle-ci peut présenter des vulnérabilités ou des failles qui sont une source de brèche pour les hackers.
Pour limiter ces risques, il est crucial de mettre en place une hygiène numérique stricte. La première étape consiste à maintenir son CMS (WordPress, Prestashop, Magento…) et ses plugins toujours à jour. Plus de 70 % des attaques exploitent des versions obsolètes de logiciels. Ensuite, l’activation du protocole HTTPS avec un certificat SSL/TLS n’est plus une option : sans lui, vos données circulent en clair et deviennent facilement interceptables.
L’usage d’un pare-feu applicatif web (WAF) est également fortement recommandé. Il permet de bloquer automatiquement les tentatives d’injection SQL, de cross-site scripting (XSS) ou de force brute. Couplé à un système de détection d’intrusion (IDS/IPS), il apporte une couche supplémentaire de sécurité proactive.
Enfin, pensez à mettre en place des sauvegardes automatiques chiffrées et externalisées. En cas de ransomware ou de site compromis, la restauration rapide de vos données peut sauver votre activité. Les entreprises les plus avancées complètent cette approche par des audits réguliers de cybersécurité et des tests d’intrusion (pentests), pour identifier leurs failles avant les cybercriminels.
Comment les pirates font-ils pour hacker les sites ?
Un site piraté, ça ne passe jamais inaperçu très longtemps. Une page qui affiche un contenu bizarre, un back-office inaccessible, un formulaire qui renvoie des erreurs… ce sont souvent les premiers signes qu’un intrus est passé par là. Les hackers, eux, n’attendent pas le hasard. Ils scannent en permanence les sites à la recherche de la moindre faille exploitable.
Le grand classique, c’est l’injection SQL (SQLi). Imaginez un champ de formulaire qui n’a pas été correctement sécurisé : le pirate peut y glisser du code qui interroge directement la base de données. Résultat : accès aux emails clients, aux mots de passe, voire aux numéros de cartes si le site est mal protégé.
Autre méthode répandue : le Cross-Site Scripting (XSS). Ici, le pirate insère un script malveillant dans une page. Quand vos visiteurs chargent la page, le script s’exécute à leur insu et récupère des cookies, des sessions ou injecte des pubs douteuses.
Les attaques par force brute sont, elles, beaucoup plus basiques mais redoutables : un bot va tester des milliers de combinaisons de mots de passe jusqu’à trouver la bonne pour accéder à votre /admin. Sans limitation de tentatives ou protection type reCAPTCHA, ça passe comme une lettre à la poste.
Et puis, il y a les DDoS (Déni de Service Distribué) : des millions de requêtes envoyées en même temps pour faire tomber votre serveur. Pas d’accès aux données cette fois, mais un site KO, donc perte de revenus directe.
Enfin, beaucoup oublient que les pirates adorent fouiller dans les plugins obsolètes ou thèmes gratuits piratés. Ces fichiers contiennent parfois des backdoors toutes prêtes, répertoriées dans des bases publiques comme CVE. Autrement dit, si vous laissez traîner une version non mise à jour, c’est comme laisser la clé sous le paillasson.
Quels sont les CMS les plus hackés ?
Comme indiqué plus haut, les gestionnaires de contenu sont les premières raisons à cette cyber menace en France et ces attaques virtuelles. Votre panneau d’administration ne suivra plus vos directives une fois que le hacker a pénétré votre système. Par exemple, les CMS récemment attaqués ont été WordPress, Magento et Joomla.
WordPress reste de loin la cible favorite des pirates. Pourquoi ? Parce qu’il représente à lui seul plus de 40 % des sites web dans le monde. Autrement dit : c’est l’autoroute idéale pour les cybercriminels. La moindre faille dans un plugin ou un thème mal codé peut devenir une porte d’entrée. Et contrairement à ce que l’on croit, ce ne sont pas les failles du noyau WordPress qui posent problème en priorité, mais plutôt les extensions gratuites téléchargées sur des sites douteux ou jamais mises à jour. On retrouve beaucoup de backdoors dissimulées dans ces fichiers, permettant un accès persistant même après une mise à jour du core.
Joomla, lui, est moins répandu mais régulièrement ciblé pour ses failles dans les composants tiers. Sans patch, il est assez simple pour un pirate d’exploiter une injection SQL et de prendre le contrôle complet du site.
Magento, solution e-commerce robuste mais complexe, a connu plusieurs vagues d’attaques en 2016 et continue d’attirer les pirates. Pourquoi ? Parce qu’un site e-commerce, c’est une mine d’or : données clients, paniers abandonnés, transactions. Là encore, tout repose sur la discipline des propriétaires. Un Magento non mis à jour devient un terrain de jeu parfait pour un hacker.
En clair, peu importe le CMS : si vous n’avez pas une politique stricte de mises à jour, de surveillance des logs et de tests réguliers (scans de vulnérabilités type WPScan ou Nessus), vous laissez la porte entrouverte. Et dans le monde du hacking, une porte entrouverte, c’est déjà une invitation.
Comment réagir en cas de piratage de site web ?
Il est avant tout nécessaire de détecter un piratage de son site. Ce dernier peut être défacé (ce qui veut dire que sa mise en page a été modifiée), ou certaines commandes de votre panneau d’administration ne vous répondent pas. Cependant, les hackers ne s’attaquent pas toujours aux sites en modifiant leur présentation. Il est possible que votre page ait été piratée sans que vous ne le sachiez (suppression de donnée ou utilisation de votre site pour une autre plateforme).
Dans ce cas, la première chose à faire est d’analyser vos données. Il sera ensuite nécessaire de contacter la police en ayant toutes les preuves pour facilement porter plainte. Cette étape est recommandée lorsque votre site web a été modifié pour représenter une plateforme différente (pornographie ou autre). De cette façon, vous paraitrez plus crédible aux yeux des agents du gouvernement. Si vous souhaitez contre-attaquer, il faut le faire avec précaution.
Quelles sont les solutions pour sécuriser le site web
La première précaution quand il s’agit de se protéger contre le piratage ? Installer un plugin ou module de sécurité adapté à votre CMS. Sur WordPress par exemple, des solutions comme Wordfence, iThemes Security ou Sucuri Security permettent de bloquer les tentatives de connexions suspectes, de scanner les fichiers à la recherche de code malveillant et de recevoir des alertes en temps réel. Pour Magento ou Joomla, il existe également des extensions spécialisées qui ajoutent une couche de protection applicative.
La deuxième précaution consiste à changer les droits des fichiers et répertoires. Cela limite ce qu’un pirate peut modifier même s’il accède au serveur. En pratique, on recommande par exemple de définir les permissions en 644 pour les fichiers et 755 pour les dossiers, et de refuser l’accès en écriture sur les fichiers sensibles comme wp-config.php
. Si certains hébergeurs restreignent ces manipulations, c’est souvent pour éviter des erreurs critiques. L’idéal est alors d’opter pour un hébergeur spécialisé dans la sécurité (type Kinsta, O2Switch ou Infomaniak) qui applique déjà ces bonnes pratiques côté serveur.
Ensuite, les sauvegardes automatiques et externalisées sont indispensables. L’objectif est de pouvoir restaurer votre site en quelques minutes en cas d’attaque. Un bon plan consiste à coupler un backup journalier sur le serveur + une sauvegarde hebdomadaire sur un cloud externe chiffré (Google Cloud, AWS S3, Backblaze…).
Mais sécuriser un site ne s’arrête pas là. Il faut également activer une authentification forte (2FA) sur le back-office, limiter le nombre d’utilisateurs admin, protéger les formulaires avec un reCAPTCHA, et configurer un pare-feu applicatif (WAF) côté serveur pour bloquer les attaques courantes (SQLi, XSS, brute force).
En résumé, la sécurité d’un site n’est jamais acquise. Les pirates évoluent constamment, vos protections doivent évoluer avec eux. La seule vraie défense, c’est une stratégie continue : mises à jour régulières, monitoring en temps réel, audits de sécurité et culture de la prévention dans vos équipes.
Quelles sont les données que les hackers veulent vraiment ?
Soyons clairs : si un pirate s’introduit dans votre site, ce n’est pas juste pour s’amuser. Ce qu’il recherche avant tout, c’est de la valeur. Et sur un site e-commerce, la valeur, ce sont vos données clients : adresses e-mail, numéros de téléphone, informations personnelles… Tout cela peut être revendu sur le dark web ou servir de base pour des campagnes de phishing ciblées.
Le vrai jackpot, ce sont évidemment les informations bancaires. La bonne nouvelle, c’est que la majorité des sites utilisent aujourd’hui des solutions sécurisées comme Stripe ou PayPal. Mais si, par malheur, vous stockez encore des numéros de carte en clair dans votre base, c’est un peu comme laisser un coffre-fort ouvert en pleine rue.
Les mots de passe mal protégés sont également une cible privilégiée. Beaucoup de sites continuent d’utiliser MD5 ou SHA1 pour les chiffrer. Mauvais choix : ces méthodes se cassent en quelques minutes avec les bons outils. La norme actuelle, c’est bcrypt ou Argon2, bien plus robustes.
Enfin, certains pirates ne s’intéressent même pas à vos données, mais à vos ressources serveur. Leur objectif ? Installer un script de cryptojacking pour miner de la crypto en arrière-plan. Conséquence : votre site devient lent, vos factures d’hébergement explosent et vous découvrez trop tard que votre serveur a travaillé pour un mineur clandestin.
Et côté serveur, que faire concrètement ?
Un site, ce n’est pas seulement un CMS et quelques plugins : c’est surtout un serveur. Et si votre serveur est mal configuré, vos efforts de sécurité côté CMS ne servent pas à grand-chose.
La première étape consiste à durcir la configuration. Avec un fichier .htaccess bien paramétré, vous pouvez bloquer l’accès aux répertoires sensibles, désactiver l’indexation de certains fichiers et éviter que n’importe qui ne mette la main sur votre wp-config.php
. Autre point crucial : bannissez le FTP classique, qui transmet vos mots de passe en clair, et utilisez exclusivement des connexions SSH sécurisées.
Ensuite, mettez en place un outil comme fail2ban, qui analyse vos logs et bloque automatiquement les adresses IP après plusieurs tentatives de connexion infructueuses. C’est une arme simple mais redoutable contre les attaques par force brute. Et bien sûr, assurez-vous que votre stack (PHP, MySQL, Apache/Nginx) est toujours à jour. Avoir un WordPress à jour qui tourne sur un vieux PHP 5.6 revient à conduire une voiture de sport avec des pneus lisses : vous allez droit dans le mur.
Dernier conseil : séparez vos environnements. Votre site de production ne doit jamais partager le même espace que vos environnements de test. Si votre bac à sable est compromis et qu’il est relié à la production, c’est toute votre activité qui peut être paralysée.